Appel pour une grande caravane des gilets jaunes

En route pour Paris !

Depuis plusieurs mois déjà, un appel national a été lancé pour le 14 juillet à Paris. Très relayé sur les réseaux sociaux, cet événement aurait vocation à retrouver l’ampleur et la force qui ont fait trembler la capitale semaine après semaine depuis novembre 2018. Pour autant, s’agit-il seulement de réitérer une énième manif, à l’image de celle du 1er mai, dont on pouvait déjà prévoir qu’elle ne serait qu’une nasse géante de plus ?

La visibilité des GJ a été mise à mal ces derniers mois, sur les ronds-points comme lors des manifestations hebdomadaires du samedi. Mais le mouvement est encore présent, bien plus que ce que les médias dominants disent, bien plus que ce que le pouvoir veut croire. Des GJ commencent à reprendre leurs ronds-points, le 22 juin a vu renaître les pratiques de blocage ou d’ouverture de péages, et certains groupes se sont d’ores et déjà dotés de cabanes mobiles, caravanes jaunes ou banalisées… Rester visibles mais imprévisibles : c’est l’une des forces de ce mouvement, dans sa durée et son inventivité.

Pour autant, l’arrivée de l’été pourrait laisser augurer d’un certain déclin des forces, voire un découragement face à la répression et aux « interceptions » pratiquées avant chaque manif. Converger vers Paris en une grande Caravane du peuple, autrement dit un convoi de voitures, caravanes, camping-cars, poids-lourds, motos, ou tout autre type de véhicule, à pied ou en vélo, permettrait notamment d’arriver en nombre et de contrer toute tentative de verbalisation pré-manif. On peut déjà imaginer ce que créerait l’arrivée massive d’un tel convoi dans la capitale : un grand campement GJ place de la Bastille ou sur les Champs-Élysées ? Une occupation massive des grandes places parisiennes ? Et si le convoi était stoppé sur son trajet, aurait alors lieu, de fait, un gigantesque blocage autour de Paris.

À la façon des paysans du Larzac marchant vers Paris en 1978, à la façon des Tunisiens, en 2011, se rendant sous les fenêtres du Premier ministre en une caravane de la liberté, à l’instar aussi de la marche des Beurs de 1983 ou de celle des chômeurs en 1998, on pourrait ainsi voir monter une marée jaune qui fourbirait ses armes avant d’envahir Paris.

Nous appelons tous les groupes locaux de GJ à se rassembler par régions, à venir grossir les rangs du convoi, au fil de son parcours, pour arriver de toute la France, le plus nombreux possible, vers la capitale, en partant le 11 ou le 12 juillet pour converger le 13, autour de Paris, et entrer dans la ville ensemble.

Pour ce qui est du Limousin, nous avons déjà commencé à préparer un départ collectif qui se retrouverait le jeudi 11, et circulerait le vendredi 12 pour converger avec d’autres caravanes le samedi 13 en un lieu qui reste à déterminer et qui sera annoncé prochainement. Nous invitons d’ores et déjà tous les groupes de GJ situés au sud du Limousin à nous rejoindre pour ce départ collectif du 11 juillet. Nous invitons également les groupes de régions plus éloignées à organiser leurs propres départs régionaux. Il suffira alors de s’accorder sur un point de convergence de toutes les caravanes afin d’entrer ensemble en région parisienne dans la journée du samedi 13.

Quelques pistes sur la caravane (jaune) et ses usages possibles

Une caravane, ce n’est pas seulement un véhicule de type roulotte pour faire du camping. Le sens premier du terme désigne depuis l’Antiquité un convoi de véhicules se déplaçant en groupe, le plus célèbre exemple aujourd’hui étant celui du cortège publicitaire accompagnant le Tour de France et son fameux maillot jaune. Par définition, une caravane est avant tout une expédition ; au-delà d’une présence locale assurant la visibilité, voilà de quoi entrevoir de réjouissantes perspectives si chaque groupe de Gilets jaunes se dotait d’un tel moyen de transport.

Outre les échanges et la publicité engendrés sur son trajet, on peut déjà imaginer les multiples possibilités qu’une grande Caravane du peuple ouvrirait une fois arrivée sur un lieu de rendez-vous : envahir les centres-villes ; occuper des places ou y installer de grands campements, à la manière de nombreux soulèvements populaires depuis 2011 ; bloquer des endroits stratégiques… Et toute tentative d’entrave policière sur la route entraînerait de fait le blocage de la circulation, voire un bivouac improvisé.

À tous les groupes locaux, ensuite, de concevoir l’aménagement de leur caravane pour y stocker du matériel, des vivres, du mobilier, des barnums, une cuisine mobile… Chacune pourrait ainsi être personnalisée suivant la région, les revendications du groupe et la fonction qu’elle aurait dans le convoi ; mais, suivant que l’on privilégie le voyage ou l’arrivée à bon port, les caravanes peuvent aussi rester « banalisées » pour ne pas attirer l’attention des flics et être parées de leurs plus beaux atours une fois la destination atteinte (bannières, drapeaux, tissus, panneaux, accessoires divers…).

Et pourquoi pas, soyons ambitieux, un grand convoi GJ national qui mettrait le cap sur la capitale, rejoint par toutes les corporations disposant de véhicules imposants : routiers, forains, gens du voyage, paysans, et même les motards, pour une grande Caravane du peuple ? Venir chercher Macron chez lui donc… en caravane !

Nous appelons dès à présent tous les Gilets jaunes étant passés de la cabane à la caravane à se mettre en contact pour s’entendre sur les suites possibles à donner à nos activités communes et les moyens d’une convergence et d’une coordination.

Ils brûlent nos cabanes, on passe aux caravanes !

Après les ronds-points, on prend la route.

(Appel à tous les groupes Gilets jaunes à se doter de caravanes.)

 

Ronds-points, péages, cabanes, maisons du peuple, manifestations massives, la visibilité permanente que se sont donné les Gilets jaunes dans tout le pays a constitué le socle de la révolte depuis novembre, permettant son incroyable endurance, son indéfectible présence et le lien entre tous ceux qui y prennent part. C’est pourquoi le pouvoir œuvre avec tant d’acharnement à faire disparaître par tous les moyens cette vague jaune sous toutes ses formes : cabanes incendiées, détruites ou saccagées, amendes et intimidations, expulsions des lieux occupés, manifestations empêchées ou réprimées… Le harcèlement policier et judiciaire, qui n’a fait que s’intensifier au fil des semaines, est à la mesure du danger que cette révolte soudaine et imprévisible a représenté. Comme le mouvement a su si bien le faire à maintes reprises depuis novembre, il s’agit encore une fois de s’adapter à un dispositif répressif de plus en plus poussé et perfide.

Depuis quelques semaines, plusieurs groupes de Gilets jaunes se sont dotés de caravanes. Mobiles et faciles à déplacer, en règle pour circuler sur les routes, elles permettent, en les mettant à l’abri en cas de menace, de se prémunir d’opérations systématiques de destruction ou d’incendie.

Nous appelons dès maintenant tous les groupes de Gilets jaunes qui le peuvent à s’emparer de cette idée à leur tour et à se procurer des caravanes.

Puisque nous ne pouvons plus occuper des points fixes, puisque qu’il devient de plus en plus compliqué d’obtenir des locaux par voie légale ou non, puisque les manifestations, déclarées ou pas, ne sont plus que des nasses géantes, soyons mobiles pour être de nouveau visibles ! Occupations nomades sur des ronds-points, sur les bords de route ou sur les routes elles-mêmes, sur les parkings, campements sauvages, rassemblements, invasion des centres-villes : ne laissons pas Macron, ses flics et ses barbouzes nous faire disparaître !

À l’approche de la saison estivale et de sa menaçante torpeur, détournons ce symbole des vacances populaires pour envahir l’espace public avec des caravanes jaunes ! Même si les initiatives encore isolées se heurtent à quelques sournoises contraventions, ces petites intimidations seraient bien en peine d’arrêter une prolifération de caravanes à l’échelle du pays.

Des caravanes jaunes partout pour une caravane du peuple bientôt !

caravanesjaunespartout@gmail.com

Tract-Caravanes jaunes